Comment restaure-t-on la nature ?

 

Étudier la science à travers des lunettes de sociologue, c’est s’intéresser aux conditions sociales, matérielles et pratiques de la production des connaissances. Or, depuis les années 1980, l’intérêt des scientifiques pour les enjeux environnementaux ne cesse de croître. Face au constat de l’érosion de la biodiversité et de la dégradation des écosystèmes aquatiques, apparaît l’importance de la restauration écologique, qui se manifeste dans des programmes de recherche mais aussi par des lois et des dispositifs institutionnels.

La restauration écologique désigne toute initiative destinée à remettre en « bon état » les écosystèmes. Mais qu’entend-on par « bon état » ? En 2000, la Directive-cadre sur l’eau, adoptée au niveau européen, en donne une réponse. Elle définit des critères qui déterminent un « bon état écologique » des eaux. Ce « bon état » s’appuie sur des « conditions de référence » des masses d’eau : c’est l'état dans lequel serait l’eau si elle n'était pas (ou très peu) influencée par l'être humain et ses activités, que la directive définit par trois critères : 

• l’état biologique du cours d’eau, déterminé par la faune et la flore présentes dans le cours d’eau ;

• l’état physico-chimique de l’eau, qui reflète les conditions du milieu. 

• la « qualité hydromorphologique » du cours d’eau, c’est-à-dire la diversité des écoulements de l’eau, de la profondeur de l’eau, le tracé et la morphologie du cours…

Depuis plus de vingt ans désormais, le Rhône fait l’objet de projets de restauration écologique, promus et mis en place par des expertes et experts de la gestion de l’eau. Sur la Saône, ces initiatives sont plus récentes et remontent à une dizaine d’années, portées par un réseau d’acteurs issus d’institutions variées telles que : 

• l'Établissement Public de Bassin Saône-Doubs ; 

• Voies navigables de France ;

• les Fédérations de pêche ; 

• les Conservatoires d’espaces naturels. 

 

Problématisation 

Ce projet de recherche s’intéresse à la fabrique des projets de restauration écologique sur la Saône. Par le prisme de la sociologie des sciences et des techniques, il vise à identifier les conditions de production de ces projets, de l’expertise à la prise de décision politique jusqu’à leur mise en place. Il s’intéressera particulièrement au profil des experts gestionnaires et scientifiques engagés dans le processus de restauration afin de comprendre en quoi leurs parcours, leurs connaissances, leurs représentations de l’environnement et de son “bon état” déterminent les projets de restauration écologique. 

 

Méthodes

L’approche ethnographique, cherchant à comprendre de façon approfondie les situations sociales par l’observation et la participation, sera privilégiée au cours de cette enquête qui se concentrera sur quatre sites de restauration : 

• trois sont situés sur la Saône

• un est situé sur le Rhône

Dans cette perspective, le Rhône, dont des projets de restauration ont déjà été étudiés, sera un contrepoint à l’analyse qui se centrera davantage sur l’expérience de la restauration sur la Saône. Dans le but de balayer des situations de restauration différentes, le choix des quatre projets a été déterminé par plusieurs critères : 

• ces projets sont à des états d’avancement différents : décidés, lancés ou terminés ; 

• ils sont portés par des acteurs différents : Voies navigables de France, l'Établissement Public de Bassin Saône-Doubs, le Conservatoire d’espaces naturels Rhône-Alpes ou encore la Compagnie nationale du Rhône ; 

• ils sont de tailles et d’ampleurs différentes. 

L’enquête s’appuiera sur les visites des sites étudiés, sur le suivi des opérations de restauration sur le terrain, mais également sur des entretiens auprès des équipes porteuses de projets ainsi que des autorités locales. Une étude attentive de la documentation institutionnelle produite concernant la restauration complètera les analyses de terrain. 

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Bibliographie

 

Barthélémy, Carole, et al. « Gestion concertée des poissons migrateurs et dynamiques socio-naturelles d’un dispositif, le comité de gestion des poissons migrateurs, entre Garonne et Seine ». Sciences Eaux & Territoires, vol. Numéro 3, no 3, 2010, p. 126‑31.

Barthélémy, Carole, et Yves Souchon. « La restauration écologique du fleuve Rhône sous le double regard du sociologue et de l’écologue ». Natures Sciences Sociétés, vol. 17, no 2, avril 2009, p. 113‑21.

Baticle, Christophe. « Le tiers scientifique, nouvel acteur dans les conflits de nature entre chasseurs et environnementalistes ». Négociations, vol. 24, no 2, 2015, p. 117‑30.

Bioret, Frédéric, et Frédérique Chlous-Ducharme. « Évaluer la dégradation en écologie de la restauration, une question d’échelles de références et de perception ». Sciences Eaux & Territoires, vol. Numéro 5, no 2, 2011, p. 3‑5.

Bouleau, Gabrielle, et Sara Fernandez. « La Seine, le Rhône et la Garonne : trois grands fleuves et trois représentations scientifiques ». Environnement, discours et pouvoir, Éditions Quæ, 2012, p. 201‑18.

Claeys, Cécilia. « Les « bonnes » et les « mauvaises » proliférantes. Controverses camarguaises ». Études rurales, vol. 185, 2010, p. 101‑18.

Mougenot, Catherine, et Laurence Roussel. « Peut-on vivre avec le ragondin ? Les représentations sociales reliées à un animal envahissant ». Natures Sciences Sociétés, vol. Supplément, no Supp.1, 2006, p. 22‑31.

Petit, Sandrine, et Marie-Hélène Vergote. « Compter l’eau ou conter l’eau ? De l’utilisation participative des indicateurs ». Participations, vol. 18, no 2, 2017, p. 123‑46.

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Sitographie

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« EPTB Saône et Doubs : Contrat de rivière de la Vallée de la Saône ». EPTB, https://www.eptb-saone-doubs.fr/actions/contrats-rivieres/saone/. Consulté le 6 mai 2023.

« restauration écologique de la lône du breuil ». EPTB, https://www.eptb-saone-doubs.fr/actions/contrats-rivieres/saone/restauration-lone-breuil/. Consulté le 6 mai 2023.

REVER – Réseau rever. https://reseau-rever.fr/rever/. Consulté le 5 mai 2023.

Plan Rhône. https://www.plan-rhone.fr/. Consulté le 6 mai 2023.